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« Je suis un élu de proximité, ma place est sur le terrain »

dimanche 7 juillet 2013, par Journal de la Corse

Stéphane Vannucci, conseiller général du 4e canton d’Ajaccio

Conseiller Général dans le 4e canton d’Ajaccio, Stéphane Vannucci revient sur le colloque présidé, le 27 juin dernier, sur le thème de la maltraitance financière. Il dresse, également, un bilan à mi-parcours de son mandat et évoque l’avenir. À ce titre, la création, en septembre prochain, d’un point de rencontre socio-culturel près du Kallisté constitue une nouveauté. L’élu, qui avait tout de même détrôné Jacques Billard lors des précédentes cantonales, annonce, enfin, de manière officielle, sa candidature lors des prochaines élections municipales. Mais ce n’est pas vraiment une surprise…

Vous avez animé, la semaine dernière, un colloque sur la maltraitance financière. Pouvez-nous expliquer en quoi cela consiste ? Je préside, par délégation, le Comité Départementale des Retraités et Personnes âgées (Coderpa). Ce Comité, constitué d’associations et de syndicats représentants les personnes âgées, travaille sur le mieux vivre de ces personnes. On s’est aperçu, depuis quelques mois, voire quelques années, même si cela est resté longtemps tabou, que la situation devenait de plus en plus difficile pour les personnes âgées,leurs familles et l’entourage. Et la spoliation s’est de plus en plus répandue. Les gens sont dépouillés de leurs biens, soit parce que l’on estime qu’ils n’en ont pas besoin, soit en prétextant qu’ils perdent la tête et en les plaçant afin de bénéficier de leur logement. Cette maltraitance est, pour l’essentiel, le fait de l’entourage familial, des tuteurs ou des aides ménagères.

Quel est l’objectif de ce colloque ?

Il a permis d’entendre des témoignages, de trouver à travers un film et deux ateliers, des solutions afin de détecter cette maltraitance financière et surtout d’y remédier. Tous les acteurs concernés ont participé au colloque ; les travaux ont, ensuite, été rendus devant le juge des tutelles. En conclusion, le Coderpa et les services sociaux du département vont élaborer une plaquette d’information et, à moyen terme, signer une charte avec les personnes et/ou leurs familles. L’objectif consiste à les informer au maximum.

On voit, à travers les chiffres, que la précarité, longtemps considérée comme un sujet tabou en Corse, ne cesse d’augmenter. Comment remédier à ce fléau ?

La précarité gagne du terrain, ce n’est plus un secret pour personne. Et c’est inquiétant. Il n’y a qu’à voir le nombre de demandes d’aides sociales ou les mesures d’exclusion. Mais il y a des signes très inquiétants. Auparavant, la précarité touchait, en majorité, les étrangers. Aujourd’hui, elle s’étend aux locaux, aux personnes âgées, qui ne sont plus protégées par leur tissu familial et aux « nouveaux pauvres » ; ces gens qui travaillent mais ne parviennent pas à boucler les fins de mois. C’est une situation assez compliquée à laquelle le Conseil Général peut apporter une aide financière ou humaine. Mais il y a énormément de demandes et on ne peut pas contenter tout le monde. A un moment donné, ce n’est plus de notre domaine, il faut des mesures gouvernementales.

Vous êtes élu depuis un peu plus de deux ans. Un bilan de ce parcours ?

Sur le plan social, nous avons attribué 70000 euro sur la période 2011- 2012 et, depuis janvier 2013, 25000 euro, le tout en Secours sur Fonds Départementaux (SFD) et en Fonds de Solidarité pour le Logement (FSL). Pour le reste, le budget avait déjà été voté lors de ma prise de fonction, en mars 2011 ; nous avons, donc, mené des actions ponctuelles concernant, notamment, la rénovation de la fontaine de Saint-Antoine ou la route des haras située vers la pépinière de Castellucciu. Mais la grande nouveauté a été la création d’un nouveau service au sein du département : un point rencontre, dont les locaux seront situés au-dessus du Kallisté. L’objectif est à la fois social et culturel.

Pourquoi cet investissement dans le domaine culturel qui n’est pas vraiment dans le champ de vos compétences ?

Je ne voulais pas dissocier le social de la culture. J’estime que les deux sont étroitement liés. C’est une façon, également, de tisser des liens nouveaux et de favoriser l’insertion. La structure, qui s’étend sur 140 m2, est située au boulevard Maglioli ; elle sera inaugurée en septembre prochain. Le premier volet sera géré par une assistante sociale dans un nouveau mode de fonctionnement. On veut, en effet, privilégier des enjeux collectifs et non plus individuels. Ainsi, à travers un questionnaire envoyé à tous les habitants du canton, nous pourrons cibler les besoins et mettre en place une stratégie appropriée avec l’aide des services sociaux du département. Sur le plan culturel, nous avons signé un partenariat avec l’association « U filu d’Amparera ». Nous mettrons les locaux à disposition pour le développement d’activités musicales diverses. D’autres associations, pourront, également, rejoindre cette structure. L’idée consiste à passer par la culture pour sortir de l’exclusion et s’insérer socialement. Je demande, par ailleurs, la réouverture du Kallisté afin de promouvoir le domaine culturel dont l’importance, est, à mon sens, capitale. L’aspect linguistique me paraît aussi primordial. Il est vital que nos enfants puissent apprendre à parler corse. Une langue qui était jusqu’il n’y a pas si longtemps, interdite à l’école. Il y a, aujourd’hui, des filières bilingues et toute une dynamique autour de la langue corse et c’est une très bonne chose pour l’avenir. Enfin, les trois fêtes religieuses que nous avons dans le canton, Santa Lucia, San Ghjuvà et Sant Antò nous permettent, à chaque fois, de réunir la population dans le partage et la convivialité. Pour Santa Lucia, nous organisons un goûter, lors de la Sant’Antò, c’est une merenda. Enfin, à l’occasion de la San Ghjuvà, nous avons proposé un barbecue pour 400 personnes.

Vous êtes présent sur plusieurs fronts à travers diverses actions. Pourquoi ?

Je suis un élu de proximité, ma place est sur le terrain. L’actualité m’a contraint à aller au-devant des gens. Au niveau revendicatif, j’ai soutenu la démarche de Ghjuventù Tocc’à noi qui occupait le pôle emploi pour préserver les salariés. On s’aperçoit, en effet, que, dans des domaines tels que l’hôtellerie, beaucoup de conventions sont passées avec des boîtes d’intérim étrangères. Or, nous avons une matière grise qui sort de l’Université. Pourquoi ne pas l’utiliser ? J’ai été, également, présent lors du conflit qui a opposé les riverains des résidences Livrelli et Casabianca à la base de Solenzara. J’ai trouvé cette situation aberrante, l’armée ayant essayé, par des courriers, de déstabiliser les locataires. Cela a été, à mon sens, la volonté d’un haut gradé. Dans ce dossier, la préfecture a, fort heureusement, assumé pleinement son rôle et tout a pu rentrer dans l’ordre. Nous avions, tout de même, 50 familles concernées, dont certaines étaient présentes depuis plus de vingt ans. En outre, la pénurie de logements sociaux sur Ajaccio n’avait guère arrangé les choses.

Quels sont les grands chantiers à venir ?

Le chantier principal sera la rénovation de la rue Colonel Colonna d’Ornano dont le coût est évalué à 1,6 millions d’euro et qui inclut le trottoir, l’éclairage et l’asphalte entièrement refaite avec, en outre, un aménagement pour les personnes handicapées. Les travaux débuteront en septembre et s’étaleront sur une durée de huit mois.

Les municipales 2014 se rapprochent. Serez-vous candidat ?

J’ai, effectivement, le souhait de m’investir. J’estime que les Ajacciens sont en souffrance. D’ailleurs, je remarque, à travers les réseaux sociaux, que beaucoup d’entre eux surfent sur le site « Ajaccio au siècle dernier ». Ils sont nostalgiques et vivent avec le passé. Mais je leur pose la question : Vivez-vous mieux aujourd’hui ? Toutes ces raisons m’ont conduit à être candidat lors des prochaines municipales. Je n’aurai pas d’étiquette définie mais ce sera sur une liste d’union, à droite.

Enfin, malgré un emploi du temps, particulièrementchargé, vous étiez un habitué à François Coty, cette saison.

Je n’ai pas manqué un match ! L’ACA, c’est ma deuxième famille. En tant que neveu d’Albert Vannucci, et ayant été moi-même, ancien joueur, il était logique que j’aille supporter le club. L’ACA a réalisé un excellent début avant, je pense, pêcher, principalement, par excès de confiance. Sans compter quelques problèmes internes. Cette année, je fais confiance aux dirigeants. L’arrivée de Ravanelli aux commandes va permettre de créer une passerelle avec la Juventus. Dans l’ensemble, le club va grandir. Il faut monter d’un cran. On ne peut pas viser, chaque année, la 16e ou 17e place et jouer le match de la survie lors de la 38e journée.

Quel regard portez-vous, sur la saison du football corse ?

Un regret pour la relégation du GFCA qui a rencontré beaucoup de problèmes, financièrement et sportivement. Chapeau au CAB pour son accession et très beau parcours pour le Sporting. Cela prouve qu’il y a, chez nous, de la qualité. A ce titre, j’espère que la halle des sports ne sera pas seulement réservée à l’élite. L’actuelle municipalité se gargarise de la création d’un gros complexe sportif et culturel. N’oublions pas qu’Ajaccio manque cruellement de terrains de football. Le Stiletto est le seul terrain synthétique mais il est vieillissant. Pour le nombre de clubs et de licenciés que nous avons, c’est nettement insuffisant. Il faudra, à un moment donné, trouver du foncier et faire des stades pour les jeunes du monde amateur.

Interview réalisée par Joseph Albertini

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