Le mot « Strada », on le sait, signifie la route, le chemin, mais c’est aussi le nom d’un groupe vocal insulaire né en 2009, fruit de l’association de cinq amis. Une histoire d’amitié avant tout. C’est ce qu’on peut lire dans le texte qui accompagne un CD récent sorti de Ricordu, contenant onze chansons idéales pour ces jours d’été dans tous les lieux de vacances. (1). Le répertoire de Strada se compose de reprises de chants les plus célèbres créés par des groupes très connus (Canta, Diana di l’Alba) mais aussi de créations originales. De celles ci, que dire ? Une veine mélodique moyenne mais de belles voix et du cœur. Strada cherche à s’éloigner des sentiers battus et à ouvrir sa propre voie. S’étant produits sur de nombreuses scènes, y compris hors de l’île, les cinq chanteurs de ce groupe méritent qu’on les entende. Ils sont en progrès. Disons le toutefois, on en attend encore. On les imagine capables. N’écrivent-ils pas eux mêmes que leur expérience leur permet d’espérer pouvoir continuer à avancer sereinement sur la longue et sinueuse route de l’univers musical ? On peut les écouter grâce à cet album dans « A voline piu », pièce un peu turbulente, dans « Scrivu a te », adressé au frère en musique, dans « Populu » dont le titre est à lui seul indice, dans « U celu di Balagna » qui a depuis longtemps gagné l’adhésion, dans « A ghitarra », pièce émouvante et interprétée avec une sensibilité engagée, dans six autres chansons encore qui profitent du niveau de l’expression des chanteurs. Les poèmes qui inspirent chacun de ces chants touchent tour à tour la fibre sensible, l’humour. On sait qu’il est profitable de considérer la chanson dans son association avec le verbe. Même si l’on peut regretter un peu de relâchement dans la maîtrise des voix, dans « Petrogiani » et dans « Mi patria », « Ricordu » retient l’attention. L’ensemble d’accompagnement aurait gagné à plus de discrétion, même si les sujets choisis se prêtent au déploiement. L’aurons-nous assez répété ? « La musique est bruit mais bruit qui pense » (V. Hugo). En somme, un album, à quelques réserves nécessaires près, qui peut séduire et soutenir toute ambiance de loisir.
Vincent Azamberti
(1) CDR 291