8 mai. Commémoration de l’armistice de 1945. Utile rappel de ce qu’il en coûte aux peuples pour défendre ou reconquérir la liberté et la démocratie. Ce même jour, cérémonie à l’Arc de Triomphe, côte à côte avant la passation des pouvoirs consécutive à l’élection présidentielle, les deux chefs de l’Etat y ont ranimé la flamme. Symbole d’unité républicaine par delà les luttes partisanes.
Deux jours avant, les électeurs grecs avaient envoyé au Parlement 21 députés faisant le salut nazi. Tâche politique noire sur le blason de la Grèce. Triste provocation dans un pays naguère encore livré à la dictature des colonels. Un signe supplémentaire de la montée du populisme de droite ou de gauche en Europe. Progression favorisée par la crise économique mondiale. On devrait même parler plutôt de dépression bien plus durable qu’une crise. Cette situation nous renvoie à celle de l’entre-deux guerres qui plongea la population allemande dans la misère. Les dévaluations successives produisirent l’effondrement du mark entraînant des émissions vertigineuses de papier monnaie sans valeur. On comprend la crainte de l’inflation qui harcèle actuellement les gouvernants de Berlin. Toute l’Europe fut frappée par la crise et l’appauvrissement. On sombra dans un protectionnisme outrancier. En Allemagne plus encore qu’ailleurs on pensait que l’Etat pouvait suffire à tout. La suppression de la liberté économique par la planification entraîna la suppression de la liberté politique dans l’hyper Etat hitlérien dictatorial. En Europe, on assiste aujourd’hui à un retour vers les Etats et leur protection bien qu’ils soient les auteurs principaux du chaos monétaire actuel par leurs endettements phénoménaux. Non seulement les mouvements extrémistes dits populistes se réclament de l’Etat mais encore les partis de gouvernement comme en France sont imprégnés d’un certain colbertisme et manifestent leur réticence à réformer la machine étatique. L’Europe, sortie des guerres chaudes et froides fut longtemps une unité vivante, avec une situation saine. Mais actuellement le sentiment de former une nation européenne semble s’être évanoui face à la remontée du sentiment national. Dans chaque pays, les travailleurs sont persuadés d’avoir, ou ont, des intérêts opposés à ceux des nations voisines. Tout au moins ils marchent souvent dans des voies différentes. La confiance des peuples en l’Union européenne s’est considérablement amenuisée. Mais peut-on revenir à l’Europe d’avant guerre ? Personne ne le pense vraiment. On peut alors se demander : Que faire ? La grande question était sous jacente dans les dernières élections françaises. Les phénomènes économiques ne sont pas d’ordre moral. Le socialisme veut introduire dans l’action économique un ordre de justice et de solidarité c’est-à-dire la morale. L’Etat n’est pas une association économique. Il accomplit des actes économiques, mais il peut-être obligé dans l’intérêt politique d’engager des actions qui vont à l’encontre des économistes. N’oublions pas que l’économie est dite économie politique. Quand le capital des grandes multinationales appartient à des particuliers, les préférences et les programmes à établir vont-ils forcément dans le sens de l’intérêt public ? La formule « laisser faire, laisser passer » n’est pas une conception économique. Elle fut celle des « Physiocrates », ces économistes qui croyaient à un ordre naturel de la société. Mais alors, quelle serait la solution ? Molière faisait dire à un de ses personnages : « La parfaite raison fuit toute extrémité/Et veut que l’on soit sage avec sobriété. »
Marc’Aureliu Pietrasanta.