Rien ne va plus à Pôle Emploi : le marché du travail connaît une crise sans précédent, et la structure est sur la brèche. D’autant que depuis le 12 septembre une décision de justice du tribunal administratif de Paris devrait faire jurisprudence, un juge ayant ordonné à Pôle emploi de respecter ses obligations envers un homme de 54 ans, sans emploi, qui s’estimait insuffisamment accompagné. Reste à donner les moyens à Pôle Emploi de pouvoir assumer ses responsabilités. Dont une première pierre à cet édifice avec une dotation en ressources.
Les conditions d’emploi
Selon les dernières statistiques établies par l’Insee, fin juin 2012, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi de catégorie A, B, C s’établit à 8.259 personnes (+ 6,4% sur un an) en Haute-Corse, et à 7.512 personnes (+ 7,1% sur un an) en Corse-du-Sud. La relance de l’activité économique amorcée dès 2010 se confirme au premier semestre 2011 par la vigueur des créations d’emploi. En 2011, l’économie régionale avait connu la création de 1.100 emplois (en progression de 1,8% par rapport à 2010). C’était avant la crise mondiale avérée, qui fragilise l’activité économique insulaire. Le marché de l’emploi se dégrade toujours en Corse, depuis 2009, avec pour composantes, un poste sur trois à temps partiel, de l’emploi saisonnier et peu qualifié, et une instabilité avérée pour les jeunes salariés, quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle (en Corse 10% des 16/26 ans se trouvent sans emploi). Les secteurs les plus porteurs sont le commerce, suivi par l’industrie, de leur côté, le BTP, l’agriculture et les services marchands s’essoufflent.
Un contexte particulier
Sur le terrain, les Maisons de l’emploi ont notamment pour rôle de construire un diagnostic stratégique dynamique partagé sur leur territoire en vue d’éclairer et d’initier des plans d’actions cohérents et adaptés. Par exemple, en pays ajaccien, la Maison de l’emploi ont établi que les secteurs qui connaissent le plus de tension sont l’hôtellerie-restauration et le bâtiment. Deux autres secteurs sont fortement liés aux fluctuations de l’économie locale : le commerce et le transport. Les spécificités territoriales enregistrées sont une population active moins diplômée qu’en province, un chômage de longue durée qui touche plus particulièrement les seniors, les femmes et les travailleurs handicapés, une présence importante de la sphère publique. La Corse est entrée plus tard dans la crise, rapport à ces particularités à savoir un poids important de la fonction publique et des très petites entreprises, peu d’industries et de marchés extérieurs. Ce qui représente un frein au développement, mais un bon barrage face à la crise, et qui va être problématique pour la reprise. Dans ce contexte, avec une érosion incessante du marché de l’emploi et une dégradation de la situation du marché du travail, nulle surprise à ce que Pôle Emploi craque aussi.
Donner les moyens
L’un des 60 engagements de la campagne de François Hollande portait sur les moyens à donner à Pôle Emploi pour relancer le marché. Et dès juillet, le ministre du Travail, Michel Sapin, annonçait que Pôle emploi allait recruter 2.000 salariés en CDI d’ici à fin 2012, en priorité parmi les agents embauchés en CDD au printemps et dévoilait un objectif de 100.000 emplois d’avenir pour 2013. Retour en force des emplois aidés. Mais personne ne pourra dire que les effectifs n’ont pas été renforcés face à la montée du chômage. En effet, en mai, pour son treizième mois consécutif de hausse, le nombre de demandeurs d’emploi sans activité a bondi et franchi pour la première fois depuis 1999 la barre des 2,9 millions. « Et les perspectives pour le deuxième trimestre 2012 et 2013 sont pessimistes », a souligné le ministre. L’objectif du nouveau plan est d’alléger le portefeuille des conseillers chargés d’accompagner ceux qui en ont le plus besoin (70 demandeurs d’emploi maximum), alors que chaque conseiller en suit en moyenne 161 aujourd’hui. Le plan stratégique pour Pôle emploi adopté le 21 juin renonce à l’objectif - jamais atteint - de suivi mensuel pour tous et prévoit de concentrer de façon « réaliste » les moyens sur « ceux qui en ont le plus besoin ».
Maria Mariana