Au nom du profit facile, rapide et maximal, l’enfant est rendu acteur, vitrine et objet de la frénésie de consommer. La pédophilie y trouve son compte.
En cette période de rentrée des classes où les enfants vont être éloignés du cocon parental, les risques liés à la pédophilie redeviennent d’actualité. Quoique en période de vacances... Notre île n’est pas épargnée. Certes, la médiatisation a réduit la chape de silence et de tabou qui faisait croire que ce fléau ne sévissait pas entre le Cap Corse et Bonifacio. En outre, la répression, la médecine et la pédagogie permettent de mieux identifier, neutraliser et soigner les pervers, de tirer les victimes des griffes de leurs bourreaux, d’aider à surmonter les traumatismes. En revanche, il reste difficile de lutter contre l’incitation au passage à l’acte. La pédophilie est comme un « poison dans l’eau » dans une mondialisation qui, commandée par la finance, et avec l’alibi intellectuel et moral de « libres penseurs », réduit les enfants à l’état de choses soumises aux lois de l’argent et de la perte de valeurs.
Un déficit de valeurs et de normes
Cette phrase que nous avons, un jour ou l’autre, tous prononcée : « Il n’y a plus d’enfants », résume et illustre le champ ouvert à la pédophilie. En effet, le marché fait tout pour que, dès son plus jeune âge, l’enfant devienne, tout comme l’adulte, un jouet voué à la création de profits. D’où ces trois démarches : rendre l’enfant « addict » à la consommation ; faire de ce dernier la représentation d’un statut social ; inciter les parents à plaquer sur leurs progénitures les dominantes et les envies de leur mode de vie. Au nom du profit facile, rapide et maximal, l’enfant est donc rendu acteur, vitrine et objet de la frénésie de consommer. Ainsi le petit Nathan et la petite Célia ont « le droit à l’exigence et aux choix » dès la sortie du berceau, arborent les griffes des grandes marques, et « sont comme les Grands ». Cette relativisation de l’enfance allant jusqu’à sa négation, nourrit bien sûr la « bonne conscience » de tout pédophile. La pédophilie fait aussi son miel de l’affaiblissement des valeurs morales et spirituelles. D’abord, elle bénéficie de la disparition des repères et barrières qui fondaient la cohésion sociale, le respect d’autrui et l’estime de soi. En effet, passer sur le ventre d’un voisin, d’un collègue ou d’un parent n’est plus un tabou pour peu que la satisfaction d’une ambition soit en jeu. Viens maintenant le tour des enfants… Ensuite, à cette dévalorisation de l’intérêt général et des êtres, s’ajoute celle des corps et des âmes. Chacun ou chacune est décreté libre de commercialiser son « cul » ou sa « tête » pour peu qu’il estime y trouver son compte. Hédonisme et libertinage s’affichent au grand jour (l’actualité politique est plus qu’éloquente). Alexandra est passéiste et moraliste penseront certains. Je n’ai pas la volonté d’empêcher quiconque, pour peu qu’il soit libre et conscient, de faire ce qu’il veut de son corps et de son âme. Ce qui me gêne, et réjouit les pédophiles, c’est que le « border line » hier confiné dans un « underground » de tolérance s’étale au grand jour et tende à devenir modèle ou référence. Ce qui facilite tous les débordements.
Communication insidieuse
Enfin, la pédophilie use au mieux de la communication. Bien entendu, elle lui emprunte ses avancées technologiques Ainsi Internet permet la diffusion quasi instantanée et illimitée d’images, d’écrits et de paroles. Mais, la pédophilie utilise aussi les savoirs et techniques traditionnels de la communication. Analyser le signifiant d’images, de codes et de messages figurant sur nombre de catalogues, revues, bandes dessinées, supports publicitaires, clips télévisés ou sites Internet réputés « en règle » se révèle à la fois édifiant et consternant. Les interdits de nudité ou de crudité pornographique sont contournés par des scénarios, des mises en situation, des décors, des habillements, des dialogues et des légendes volontairement équivoques. Pour prévenir la pédophilie, il ne suffit pas d’avoir à l’œil un vieux voisin porteur d’un imperméable en été...
Alexandra Sereni