Comme dans un concours des arènes, l’affrontement Copé-Fillon attire les foules, autrement dit les téléspectateurs et l’audimat des médias bat des records. Reste à savoir si la fin de cette feria se terminera par la remise des oreilles au vainqueur ou par les huées d’une bronca du public.
Pour la démocratie ce duel de deux orgueilleux, poussant leur ego à l’extrême, c’est sans doute quelque chose de plus sérieux. Certes l’ambition politique est partout, qu’elle soit personnelle, ou pour le pays. De même la passion peut l’emporter aussi sur la raison. Chacun jugera. Il est cependant permis et possible de pousser davantage l’exploration. Dans un discours célèbre à la tribune de l’Assemblée Nationale, François Mitterrand avait interpellé de la sorte Georges Pompidou : « Certes, Monsieur le Premier ministre, je n’ignore pas – et vous non plus – que d’ancienne tradition, ce qui vous consolera, est en France le parent pauvre de nos institutions. » Cette tradition remontant à la Révolution française et à la Restauration – la première avait banni la fonction, et la seconde commença en 1814 avec Talleyrand, nommé à ce poste – Voici en tout cas des paroles pouvant consoler François Fillon. Allons au plus profond. La constitution de la Ve République a reconnu, pour la première fois en France, les partis politiques. Même si le général de Gaulle, son fondateur, dénonçait « le régime des partis ». Il avait d’ailleurs dans son premier gouvernement nommé une proportion importante de ministres qui n’étaient pas des politiques. La caractéristique remarquable de la Ve République a été précisément son multipartisme. Celui-ci a porté la droite à diverses tentatives de regroupement gaulliste dans le RPR, centristes dans l’UDF. Puis le deux se sont réunis, dans une sorte de captation des centristes, pour former l’UMP réussissant de la sorte à former un parti dominant à droite. Ce dextrisme fut aussi marqué par des tensions internes dues à la guerre des chefs ou course au leadership. Ceux-ci ont toujours été désignés au sommet par un choix suivi d’un vote de ratification, sans décisions démocratiques réelles. L’UMP abordait pour la première fois en 2012 une désignation par les militants. Sa faiblesse vient sans doute du fait qu’elle est une formation récente, de type oligarchique. Elle n’a pas eu le temps de s’enraciner. D’autre part cette oligarchie a vieilli. A peine quelques jeunes quinquagénaires viennent-ils d’accéder dans l’appareil, autre faiblesse. Les partis, malgré la présence de militants et de leur nombre, n’ont jamais eu à droite de véritable fonctionnement démocratique et de contrôle de leur base sur le sommet. Les instances plénières ont été surtout vouées à l’acclamation plus qu’à la dérision réelle. Ce qui arrive à l’oligarchie de l’UMP n’a rien d’étonnant. Le parti dominant s’est cassé. Reste l’opinion publique. Mais, comme disait Napoléon « L’opinion publique est une puissance invisible, mystérieuse à laquelle rien ne résiste ; rien n’est plus mobile, plus vague et plus fort ; et toute capricieuse qu’elle est, elle est cependant vraie, raisonnable, juste, plus souvent qu’on ne pense. » L’avenir est donc à elle et pas forcément à l’UMP.
Marc’Aureliu Pietrasanta