Accueil du site > Societe > Médicaments sous haute surveillance
 

Médicaments sous haute surveillance

jeudi 23 février 2012, par Journal de la Corse

Un scandale chasse l’autre…Après le scandale du Mediator puis du Blufomédil, celui des implants mammaires PIP a relancé la polémique sur la sécurité sanitaire des produits de santé. La loi renforcée sur le médicament, parue fin décembre de l’année dernière, comporte un volet sur l’encadrement de ces dispositifs médicaux. Pourtant, en dépit de ce nouveau garde-fou, la France n’est pas à l’abri de nouvelles affaires sanitaires. Pharmacovigilance toute !

Sécurité sanitaire renforcée

Après le scandale du Mediator, médicament coupe-faim qui aurait fait de 500 à 2000 morts avant son interdiction en France en 2009 (pour mémoire une Association des victimes du médiator a été créée en Corse, elle dénombre 600 dossiers en cours d’instruction dont 80 ont fait l’objet d’une expertise et 54 dossiers sont en attente d’expertise), une liste de 77 médicaments « sous surveillance » a été établie par l’Afssaps (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) à la demande du gouvernement. Une liste qui s’actualise au fur et à mesure de l’avancée de la surveillance et des recherches, puisqu’elle contient les médicaments retirés du marché, les médicaments sous surveillance renforcée (détection d’un signal en cours de commercialisation, réévaluation du bénéfice/risque) et les médicaments soumis à un plan de gestion des risques (contenant une nouvelle substance active ou appartenant à une nouvelle classe de médicaments). Parmi des médicaments de la liste, on trouve entre autres un traitement contre le cancer de l’utérus, une pilule du lendemain, un vaccin contre la méningite, un nouveau traitement de la polyarthrite rhumatoïde. Les effets secondaires de certains médicaments sont trop importants par rapport à leurs bénéfices, d’où cette surveillance accrue.

Dans le collimateur

Même les génériques sont sur la sellette. Déjà en raison des pratiques commerciales, puisque les pharmaciens bénéficient d’avantages lorsqu’ils « substituent » le médicament prescrit par le médecin au profit d’un générique. Il s’agit des fameuses « marges arrières », soit les rabais accordés aux pharmaciens distributeurs par les laboratoires « génériqueurs ». En dehors de ces arrangements, et de l’argument avancé que cela ferait faire des économiques à l’Assurance maladie, il a été reconnu que les génériques ne sont pas des copies conformes des autres. En effet, si le principe actif peut être le même, les excipients et autres molécules qui constituent la particularité du médicament diffèrent, or l’effet thérapeutique réside dans cette alchimie complexe et pas uniquement dans le principe actif. Les médicaments génériques ne sont donc pas la copie conforme des médicaments d’origine, et certains patients peuvent mal réagir aux génériques. D’autres médicaments sont également dans le collimateur. Il s’agit des médicaments qui contiennent des parabènes, substance dont la nocivité pour l’homme a été établie par des scientifiques depuis 2004. Une étude est en cours pour attester du degré de nocivité. Par mesure de précaution, l’Assemblée nationale a proposé une loi interdisant l’importation, la fabrication, la vente et l’offre de produits contenant des parabènes, des alkyl phénols ou des phtalates. Le texte est à présent devant le Sénat.

Haro sur les médicaments

En plus d’être « dangereux », les médicaments sont chers et coûtent chers à la Sécu. Ils ne cessent d’être dé remboursés. Le 2 mai 2011, les médicaments à vignette bleue, jugés à « intérêt thérapeutique modéré » par la Haute autorité de santé (HAS), connaissaient une baisse de leur taux de remboursement de 35 à 30 %. La chasse aux sorcières sur les médicaments se fait donc tant sur leur composition que sur leur prix, ou leur remboursement. Malgré cela, une étude TNS Sofres pour les entreprises du médicament (Leem) de début 2011 révélait que 82% des Français faisaient confiance aux médicaments, même s’ils sont aussi 80% à se demander si « de temps en temps les entreprises du médicament ne seraient pas plus soucieuses de leur rentabilité que des malades ». Paradoxe ou lucidité ? Car n’oublions pas que les médicaments provoquent toujours, à eux seuls, plus de 130 000 hospitalisations par an. Et tuent en silence 18 000 malades qui s’ignorent. La santé publique sera-t-elle sacrifiée, elle aussi, sur l’autel du profit et dictée par les lobbies pharmaceutiques ? A quand la transparence obligatoire sur les liens entre labos et professionnels de la santé ?

Maria Mariana

Répondre à cet article