Loin du meilleur des mondes ?
Le logement social et plus globalement les politiques publiques de soutien au logement ne sont pas considérés comme des panacées par tout le monde.
L’Office HLM de Haute-Corse (2900 logements) ne va pas fort. Depuis des années, cet organisme est l’objet de crises managériales et financières. Le parc de logement se révèle vieillissant et difficile à entretenir. La construction marque le pas. Les considérations politiciennes freinent la recherche de solutions. Un récent audit a confirmé les maux endémiques de l’Office : crise financière, investissement en panne, gestion quasiment erratique… Il apparait aussi que la Caisse des dépôts et consignations n’accorde plus sa confiance à l’Office. Le spectre d’une dissolution hante désormais la vie de cet organisme. Dernièrement, le conseil d’administration a élu son nouveau président. Henri Zuccarelli, le président sortant, a été reconduit. Toutefois, encore convalescent après avoir été affecté par un grave problème de santé, l’intéressé a confié l’intérim à un autre conseiller général Cette situation n’est pas de nature à dynamiser la gestion de l’Office, surtout si l’on considère qu’Henri Zuccarelli s’était beaucoup investi dans la mise au jour des problèmes et avait la volonté d’agir de même dans la recherche de solutions. Pourtant le temps presse. Les organismes privés de logement social se taillent la part du lion en matière de construction dans toute la Haute-Corse. La demande de logements sociaux est accentuée par les difficultés économiques et sociales, le niveau élevé des loyers du secteur privé et l’accroissement de la population. Evoquer la situation difficile de l’Office HLM de Haute-Corse rappelle que la gestion du logement social représente un dossier vital. La Corse compte près de 13 000 logements locatifs sociaux. La demande explose sur fond de spéculation immobilière et de loyers élevés dans le secteur privé. Chacun sait que la maîtrise des attributions confère de l’influence politique et électorale, même si les procédures légales sont respectées. Le financement du logement social est d’ailleurs présenté comme une des priorités de la majorité territoriale ayant accédé aux responsabilités en mars 2010.
Un monde opaque
Pourtant le logement social et plus globalement les politiques publiques de soutien au logement ne sont pas considérés comme des panacées par tout le monde. Dans un rapport intitulé « La vérité sur le logement social », l’Union nationale de la propriété immobilière (UNPI) dénonce des dérives et un « monde opaque ». Selon l’UNPI, il faudrait réorienter les aides à la pierre vers les personnes car, si ces aides étaient redistribuées entre les 6 millions de bénéficiaires potentiels, on aboutirait à 6 666 euros / an par personne. De quoi payer bien des loyers du marché libre ! L’UNPI fait aussi valoir que le secteur privé du logement est lourdement taxé et imposé, et ne reçoit qu’une faible partie des aides à la pierre. En effet, à qualité de logements égale, le logement public bénéficierait de prêts bonifiés et de la majorité des politiques publiques de soutien. L’UNPI souligne aussi que 350 000 logements HLM seraient indûment occupés par des familles aisées. Enfin, l’UNPI assène que les bailleurs sociaux reçoivent cinq fois plus d’aide financière que les bailleurs privés, tout en faisant valoir que, dans l’univers social, le flou est de mise concernant l’attribution des logements et les comptes présentés. Et de conclure par une interrogation qui interpelle : après 60 ans de politique publique de soutien au logement, la situation reste problématique, ne faudrait-il pas changer de cap ?
Alexandra Sereni