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Lettres d’un Poilu insulaire

jeudi 21 juin 2012, par Journal de la Corse

Témoigner des atrocités de la Grande Guerre, du tribut, lourd, payé par la Corse… Une ambition que s’est fixée Pauline Vittori- Salembien, et qu’elle accomplit en publiant les lettres du front de son oncle Antoine-François Vittori. Cette ancienne professeur de langue et de civilisation italienne recompose un passé, fabrique un écrin pour la mémoire, pour que vivent les souvenirs et que la mort ne soit pas le point final, irrémédiablement.

Lettres souvenirs

Reproduire sans altérer, ni rénover, ni embellir, les lettres de son oncle, séminariste envoyé au front. Les lettres sont comme des monuments aux morts qui expriment en mots toutes les atrocités et les violences de cette guerre sanglante et barbare, l’expression de ce déracinement, de ces jeunes arrachés à leurs familles, côtoyant la mort, faisant face à des situations tellement extrêmes que d’aucuns préfèreront ne pas raconter, par pudeur et pour épargner la sensibilité des leurs, ainsi que l’exprime la citation d’Henry Malherbe : « Les événements dont ils sont acteurs et témoins sont si grands qu’ils jugent sans doute les paroles inutiles et les appréciations vaines… Ils parlent peu, ils pensent peu… Ils s’efforcent de ne plus penser du tout ». Revenir sur ces combattants, camarades malgré eux, qui n’étaient pas préparés à cet enfer, arrachés à la vie des champs, des études, des offices, des commerces, à la vie tout court. « L’annonce de la guerre bouleversa l’équilibre de ce monde rural et provoqua chez tous un sentiment d’impuissance ». Il y a ceux qui sont partis, les hommes, et ceux qui restent, les femmes, les vieux, les enfants. Reliés les uns aux autres par courrier.

Le front et les tranchées

Pauline Vittori-Sallembien s’interroge sur ces soldats, sur leur grande force de caractère, sur leur état d’esprit, leur mental, leur camaraderie. Les lettres conservées par Marthe, la sœur du Poilu, la tante de l’auteur, pose autant de questions qu’elles ne donnent d’indices sur la réalité du quotidien de ces « guerriers malgré eux » qui voulaient embrocher du Boche, comme mantra ultime pour se convaincre de l’intérêt d’être là et de subir ça. Antoine-François Vittori attrape la fièvre typhoïde, une tragédie dans la tragédie, en somme, et finira par mourir alors qu’il était en permission pour revenir chez lui, dans le village corse qu’il ne reverra jamais.

Myriam Mattei

Pauline Vittori-Sallembien, Ils étaient des hommes… non des choses, Stamperia Sammarcelli, 101 pages.

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