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Les nationalistes : Une force en Corse

jeudi 21 juin 2012, par Journal de la Corse

Les nationalistes s’apprêtent-ils à réitérer le lamentable échec de 1992 quand, à eux tous, ils formaient la principale force politique en Corse et, à coups de division, de jalousies, de querelles micro-régionales, n’ont su que préparer une guerre intestine pour le plus grand bonheur de leurs adversaires.

Un quart de l’électorat exprimé

S’il est une constante depuis deux décennies c’est la part importante de l’électorat exprimé qui vote nationaliste. Bon an mal an, elle représente un quart des bulletins. Il n’y a d’ailleurs pas de grosse progression d’une façon générale mais plutôt un transfert de voix du camp radical au camp modéré. D’une manière plus globale encore, les autres partis montrent une grande stabilité avec des turbulences du moment. Mais ce qui domine est la fameuse sentence prononcée par le Prince dans le Guépard de Lampedusa "Si nous voulons que tout continue, il faut d’abord que tout change." reprise par l’héroïne Béatrice qui reprend à son compte cette sentence : « Pour que tout reste comme avant, il faut que tout change ». Or en Corse la classe politique doit, pour continuer à mener l’île, s’adapter à un environnement qui change à une vitesse sidérale. Les nationalistes ont été la force motrice du changement tout en refusant longtemps de prendre les rênes de la société qui leur étaient offertes. Ils l’ont refusé en cautionnant une violence qui ne pouvait, à l’évidence, être en harmonie avec la gestion de la cité. Puis ils se sont réfugiés dans une logomachie d’opposition qui ne définissait aucun contour positif pour l’avenir à la façon de l’extrême-gauche. Petit à petit, les vieux dirigeants se sont effacés et ont laissé la place à une nouvelle génération qui elle semble vouloir prendre la relève. Or, ce quart de l’électorat qui pourrait représenter la première force de l’île trouve le moyen d’encore et toujours se diviser pour mieux perdre.

La recomposition d’un esprit clanique

Ne nous faisons cependant pas d’illusions. La Corse possède un esprit clanique. Son isolement, son histoire profondément intégrée au relief, créée un instinct grégaire qui, à son tour, fait le lit du clientélisme. Il est très vraisemblable que les Angelini et les Simeoni finiront par balayer les tenants d’un clanisme archaïque. Mais ils formeront à leur tour des clans tout simplement parce que c’est ce que veut profondément, intimement l’électorat corse. Ce drame est celui qui se joue depuis des millénaires chez nous. Les capurali ont remplacé autrefois les seigneurs. Les Républicains ont dominé les Bonapartistes. Mais le système est resté intact parce qu’il a su changer pour que rien ne change. Que feront les Angelini et les Simeoni lorsque leurs électeurs viendront les solliciter afin d’obtenir un poste "pour le petit" ou des subventions pour leurs villages ? Ils acquiesceront s’ils en ont les moyens ou ruseront s’ils ne les possèdent pas se fabriquant un outil destiné à rester en place comme cela a été le cas avec la CAPA en pays ajaccien. Qui de la poule et de l’œuf a commencé ? Et qui de l’élu et de l’électeur ? Il n’empêche que nous devons à tout prix voter pour le changement tout simplement parce que la situation internationale exige que nous nous adaptions au mieux. Nous pouvons toujours sauter sur place en refusant l’existant. Cela ne nous sauvera pas du naufrage. Encore une fois l’autonomie n’est pas un concept administratif mais une capacité à savoir voler de ses propres ailes sans toujours attendre tout du centre parisien. En votant pour une large autonomie on ne vote pas nationaliste (le terme est-il d’ailleurs toujours approprié ?) mais pour faire émerger notre propre capacité à imaginer notre propre futur. On vote pour notre survie.

GXC

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