Accueil du site > Societe > Laisser aller !
 

Laisser aller !

jeudi 11 octobre 2012, par Journal de la Corse

Personne ne peut se réjouir de l’affaire des ripoux marseillais. Il n’empêche que cette enquête fait désordre d’autant que ce n’est pas la première fois que des policiers se font prendre la main dans le sac.

Braquo sur mer

L’affaire des policiers marseillais soupçonnés de corruption met à mal le discours lénifiant du ministre de l’intérieur lorsqu’il traite de la sécurité des citoyens. Comment faire la leçon aux jeunes des cités quand des hommes en uniforme rejouent la série Braquo mais en réalité. Il serait évidemment parfaitement injuste de mettre tous les policiers dans le même bain. L’immense majorité d’entre eux accomplissent un travail épuisant pour des salaires très modestes. Mais l’accumulation des cas (des policiers renseignaient le milieu, Neyret à Grenoble, l’affaire DSL à Lille etc.) démontre que la gangrène est là et bien là. Ce n’est pas nouveau. Beaucoup de grands flics, notamment ceux des mœurs, étaient autrefois loin d’être irréprochables. Ils touchaient des grands voyous. Le problème dans le cas marseillais est que des policiers rackettent de petits dealers. Le bruit court à Marseille que la hiérarchie était au courant. Le procureur Dallest semble vivre sur une autre planète. Car tout cela démontre tout simplement un délitement du système étatique. Emmanuel Valls, fort en gueule mais bien médiocre dans ses prises de décision a agi comme tout ministre de l’intérieur lors d’un changement de régime : il a limogé le préfet Alain Gardère, qui est pourtant celui qui avait révélé ces pratiques. Mais il était réputé proche de Nicolas Sarkozy… Ce renvoi se révèle être une erreur psychologique. Elle est d’autant plus que la gauche est incapable d’offrir la moindre alternative sociale aux jeunes en difficulté. Comme la droite, pire que la droite, elle stigmatise les Roms et lance des opérations coup-de-poing uniquement destinées à l’opinion publique.

Et les béliers galeux ?

Pour l’heure, l’enquête semble isoler quelques policiers de la Bac de Marseille nord. Des brebis galeuses ? Cela reste à voir car il y a bien eu des béliers dans l’affaire qui ont, au moins fermé les yeux. Les chefs de police locaux ont toujours prétendu qu’ils s’agissaient de faits isolés. Les syndicats locaux de police, d’ordinaire plus diserts, sont bien obligés de constater la catastrophe eux qui, à tout coup, trouvent mille circonstances atténuantes à leurs encartés. Or, une enquête publiée en 2008, par Le Figaro révélait qu’avec un quart d’agents de plus qu’à Lyon, la police marseillaise élucidait un tiers d’affaires en moins. Elle affiche aussi un taux de congé maladie anormalement élevé. Il ne s’agit donc pas d’un problème d’effectifs mais de méthodes et d’accompagnement de ces méthodes.

Laisse aller c’est une Valls !

En Corse, le taux d’élucidation des affaires reste aussi modeste voire pire qu’à Marseille. Mais l’exiguïté du territoire change la donne. Il doit exister comme partout ailleurs des policiers tentés par un grand banditisme omniprésent. Mais il ne fait aucun doute qu’alors l’affaire deviendrait une rumeur et la rumeur ici n’est jamais loin du problème politique. Il est tout de même frappant de remarquer que l’état régulièrement pond un rapport sur notre île afin de stigmatiser nos travers. L’un des plus remarquables et des plus stupides fut le rapport Glavany qui donna lieu à une commission d’enquête laquelle aboutit sur le néant. Le ministre de l’intérieur a l’intention de venir nous visiter. Gageons que ses discours seront d’un creux sidéral et qu’il se contentera d’ânonner les mêmes banalités sur la nécessité de la sécurité. Or la délinquance grandit lorsque les fondamentaux de la démocratie ne fonctionnent plus. L’école n’est plus un ascenseur social. Les riches s’enrichissent et les pauvres s’appauvrissent. La gauche et la droite sont devenues la droche et la groitre. Pas étonnant dans un tel paysage que les flics jouent aux voyous, que les voyous fassent leur propre police tandis que les politiciens à leur habitude occupent l’espace médiatique pour ne rien dire ou souvent pour nous désigner nous, les Corses, à l’instar des Roms, comme les éternels fauteurs de trouble.

GXC

  • delicious
  • facebook
  • google
  • twitter

Répondre à cet article