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La main tendue

jeudi 4 août 2011, par Journal de la Corse

Ce déplacement ministériel était attendu : Xavier Bertrand s’est rendu à Ajaccio fin juillet. Au programme, visites des hôpitaux de Corse-du-Sud, inauguration du Centre de formation de la Chambre des métiers, signature d’une convention avec la Collectivité territoriale de Corse. Mais surtout, le ministre du travail de l’emploi et de la santé a rencontré les syndicats en conflit avec l’Agence régionale de la santé (ARS).

La réunion initialement prévue pour durer une heure aura finalement retenu les participants pendant deux heures. En sortant de la salle Claude Erignac, à la préfecture d’Ajaccio, les visages se sont détendus. Cette rencontre que les syndicats auraient souhaité il y a deux mois a permis d’apaiser les tensions. Temporairement au moins.

Deux mois et demi de conflit

Depuis le 10 mai, les syndicats, et plus particulièrement le Syndicat des travailleurs corses (STC), ont engagé un bras de fer avec la direction de l’ARS. Au cœur de ce conflit : le non-respect d’un protocole d’accord signé en 2010 qui constitue le socle du future plan régional de santé. Parmi ces points figure le rehaussement à 15% du coefficient géographique à 15%. Ce taux a subi l’an dernier une élévation de 5 à 6%, augmentation jugée insuffisante par le STC qui a fait de ce point un préalable lors des négociations…qui ont toutes achoppé. Le STC, soutenu dans cette démarche par la CGT, FO et le Syndicat national des cadres hospitaliers (SNCH), a organisé des journées de blocage, deux manifestations qui ont réuni un millier, puis deux milliers de personnes à Ajaccio, interpellé les responsables politiques, la population,… Le conflit, larvé, ne semblait trouver aucune issue. Et puis Xavier Bertrand est venu rencontrer ces syndicalistes déterminés à offrir un service public de la santé de qualité à tous les Corses. Le ministre a d’abord affiché une détermination qui semblait compromettre la réunion de la dernière chance. « Le coefficient géographique n’est pas une négociation, ce n’est pas parce qu’il y en a un qui va parler plus fort qu’on va donner plus », a-t-il affirmé, rappelant que l’Etat avait déjà investi 14 millions d’euros pour la Corse. Les syndicats ont gagné la salle de la préfecture derrière une banderole sur laquelle était inscrit : « Négociations ». Les visages étaient tendus, des deux côtés.

Réunion positive

Deux heures plus tard, le soulagement avait succédé aux crispations. « Il faut qu’on se donne peut-être une autre méthode pour faire partager nos objectifs et les efforts que l’Etat met sur la table », a annoncé Xavier Bertrand, qui a souligné comprendre l’exigence de visibilité souhaitée par les syndicats. Qui a ajouté : « Il a été demandé au préfet et au directeur général de l’ARS de pouvoir proposer une méthode de travail, un lieu pour se réunir, pour pouvoir avancer sur tous ces sujets, a-t-il ajouté. On a besoin d’avoir un dialogue qui soit rassurant. Je ne dis pas, moi, que tout va bien, mais je ne veux pas qu’on dise que tout va mal car ce n’est pas la réalité de la Corse. Il y a des défis en Corse comme ailleurs ». Même satisfaction du côté de tous syndicats, les discussions ont été jugées positives. « Nous avons obtenu un calendrier, avec une méthodologie sous l’égide de la préfecture. On change de forme maintenant sur le fond le problème reste entier », a précisé Alain Mosconi, secrétaire général du STC, qui a décidé « de laisser la défiance de côté » et « donner la chance à la négociation et au dialogue social ». Mais si les syndicats constatent un statu quo, ils répondront statu quo par « une opposition plus ferme et plus accentuée ». Toutefois, précise Alain Mosconi, « le conflit continue, ce conflit a juste changé de forme » et « risque de s’amplifier si au mois de septembre nous n’avons pas réussi à sortir la tête de l’eau sur ce problème ». La Corse devrait donc passer une saison estivale tranquille, du moins jusqu’à la rentrée. Mais les syndicats décideront de recourir à l’appel à la grève s’ils estiment ne pas avoir d’autre alternative. « Le syndicalisme la finalité ce n’est pas le blocage c’est la solution », conclut Alain Mosconi.

M.K

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