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La famille en questions

jeudi 26 juillet 2012, par Journal de la Corse

Au-delà du foyer, qui n’est finalement qu’une unité fiscale, la famille est sans doute la plus vieille institution des sociétés humaines. Cela ne l’empêche pas d’être en mouvement, pour ne pas dire en mutation, et cela a des répercussions à bien des niveaux. Il y a les aspirants parents, hétéro ou homo, les nouveaux schémas familiaux avec les mono-parents, les parents isolés, etc. Autant de nouveautés sociétales sur lesquelles il convient de prendre position, pour ne pas instaurer une fracture… familiale. La famille est une cible de choix, à condition d’en saisir la complexité, la diversité et les évolutions. Car comme l’a dit François Hollande dans l’un de ses discours « Les familles donnent la vie, transmettent des valeurs, transmettent une identité, mais elles structurent la société elle-même. »

Famille et politique

Une politique familiale a plusieurs objectifs : soutenir la natalité, compenser le coût de l’enfant, lutter contre la pauvreté, articuler vie de famille et vie professionnelle, promouvoir le développement de l’enfant. La France consacre aujourd’hui environ 5% du PIB à la politique familiale (environ 100 milliards d’euros), tous leviers et aides confondus. M. Hollande a plutôt annoncé un durcissement de la loi sur le quotient familial qui, couplé à la hausse de l’impôt sur le revenu, cible les familles des classes moyennes et supérieures. Affaire à suivre. Parce que la famille et sa structure, c’est sacré.

Rôle et cliché

Et côté sacré, le matriarcat en Corse a la vie dure. Ce mythe du XIXe siècle n’a aucune réalité tangible, puisque le système social corse n’a jamais été organisé sur l’autorité et le pouvoir féminins… Il a été communément admis que le seul « pouvoir » reconnu aux femmes est celui de la famille et non le pouvoir social, politique et d’État. Traditionnellement, la mère représente l’amour protecteur quand le père, lui, énonce la loi, fixe les règles, les interdits et ce qui est autorisé. D’ailleurs, c’est souvent en devenant mère que la femme acquiert un certain pouvoir, au moins sur les affaires domestiques, lié sans aucun doute à la reconnaissance qu’elle en tire. La femme est une figure sacrée à travers son rôle de mère. De tout temps, la fécondité a été louée, portée au pinacle. Aujourd’hui encore, le nouveau président, alors candidat en campagne, s’enorgueillit du taux de natalité de la France (taux de 2,01 enfants par femme en 2011), envié en Europe, couplé à un taux d’activité professionnel féminin de 85%, une preuve, selon lui, « qu’en France la famille n’enferme pas les femmes à la maison » ; la réalité a d’autres allures au quotidien, puisque les femmes sont celles qui occupent le plus de temps partiel, de contrats précaires et qui déplorent une inégalité de traitement avec les hommes. En outre, il faut nuancer ces propos selon les régions. Ainsi, en Corse, les femmes font moins d’enfants qu’ailleurs et ont leur premier enfant plus tard. Par ailleurs, le taux d’activité est aussi lié à la situation familiale : les mères isolées travaillent ou sont à la recherche d’un emploi plus souvent que les mères en couple. Dans nos sociétés, de nouveaux enjeux ont émergé du fait de l’évolution des schémas familiaux, avec les cas de divorce, de monoparentalité, d’adoption.

Famille en chantier

« Les Français n’envisagent pas la famille sans enfants et les couples qui malheureusement ne peuvent pas en avoir attendent des pouvoirs publics qu’ils les accompagnent mieux dans cette autre forme de gestation qu’est l’adoption. » Au travers de ces propos, François Hollande relance le débat sur l’adoption pour les homosexuels. Car il est évident qu’il n’existe plus un modèle unique familial. La famille peut être nucléaire, monoparentale (une famille sur cinq est concernée) ou recomposée (près de 1,2 million d’enfants mineurs vivent dans une famille recomposée), constituée d’un couple mixte marié ou non marié ou encore homosexuel, avec des enfants naturels, ou adoptés ou de plusieurs lits… La progression des naissances hors mariage n’est qu’un indicateur fort de ces évolutions (en Corse la proportion de naissances hors mariage en 2010 était de 58,1%, contre 54,1% en France). Car il est bien question d’évolution et non pas de crise de la famille. Les chiffres attestent de cette mutation : nuptialité fluctuante, apparition de nouveaux contrats (Pacs) de vie en couple autrement appelés conjugalités hors mariage, hausse de la divortialité, fécondité variable, mais pas de remise en cause de la famille en tant que valeur. Une valeur sûre, elle.

Maria Mariana

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