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La Corse se trouve en Méditerranée

jeudi 5 avril 2012, par Journal de la Corse

A priori, je me situe du côté des syndicats lorsqu’ils se battent pour l’emploi. Mais il est une manière très française d’imposer par la force des mesures immédiates qui finissent toujours par se retourner contre les travailleurs eux-mêmes. La bataille pour les transports menés par les marins de la SNCM en est un bel exemple. Année après année, ils ont cherché à maintenir ce qui ne pouvait plus l’être jusqu’à ce qu’aujourd’hui nous soyons au bord du gouffre. De plus, ils ont oublié que Marseille et la Corse se situaient en Méditerranée et que la plupart des pays de la Méditerranée occidentale approchent le dépôt de bilan.

Le domino espagnol

C’est désormais l’Espagne qui est au cœur de la crise. Ses comptes publics sont désastreux et le déficit 2011 bien plus élevé que prévu. Aux mesures d’austérité drastiques annoncées par le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy a été organisée le Jeudi 29 mars une grève générale contre la réforme du marché du travail. Les syndicats dénoncent un texte qui assouplit les conditions de licenciement et permet aux employeurs de baisser les salaires alors même que le chômage touche déjà 23% de la population active et presque un jeune sur deux. L’Espagne est tout simplement en train de suivre la même voie que la Grèce. Le gouvernement de Mariano Rajoy présente un budget amputé de 20 milliards d’euros après une première tranche négative de 15 milliards adopté en décembre 2011. Madrid a promis de ramener le déficit public de 8,5% à 5,3% du produit intérieur brut entre 2011 et 2012 pour atteindre 3% en 2013. Un objectif impossible à tenir pour un pays qui connaît la récession et qui risque de faire plonger des millions de familles dans la misère absolue.

L’Italie aussi

La réforme du marché du travail met également en difficulté le gouvernement italien de Mario Monti, en place depuis le 16 novembre dernier. Le gouvernement veut l’abolition de l’article 18 du code du Travail, qui prévoit, en cas de licenciement discriminatoire, la réintégration du salarié à son poste de travail. Monti veut remplacer la réintégration par une indemnité même consistante (qui peut aller jusqu’à 27 mois de salaire). Une mesure qui va dans le sens de la flexibilité du travail. Les syndicats ont fait valoir que cette mesure ne touchait que mille personnes par an mais qu’elle était très lourde symboliquement parlant. Une fois encore les travailleurs étaient sacrifiés sur l’autel de la rentabilité. Une partie de sa majorité s’apprête à l’abandonner. Le président du conseil a annoncé qu’il mettait sa démission dans la balance. Le 6 mai ont lieu des élections municipales partielles, où les partis mesureront pour la première fois leur influence eux qui avaient quasiment disparu dans la tourmente sociale.

La Corse appartient au monde méditerranéen

C’est dans un tel contexte qu’a lieu le grand rendez-vous de la Corse avec sa politique des transports. L’exécutif a annoncé un rabais des subventions. La CGT dénonce l’agression contre la SNCM en confondant ce que fut la SNCM compagnie d’état (mise aussi en difficulté à cause de l’inflexibilité des marins marseillais) et la SNCM compagnie privée appartenant à Veolia. Qu’ils se battent pour l’emploi est légitime. Mais qu’ils le fassent intelligemment et qu’ils souffrent que nous fassions de même. À qui vont-ils faire croire que les conditions de survie sont identiques à l’époque de la croissance et aujourd’hui ? La vérité est que les cordons de la bourse sont serrés pour tous et notamment pour la Corse. Notre région ne peut continuer à jouer les vaches à lait ad eternam. Rappelons que la continuité territoriale était censée exister pour améliorer les conditions de vie des insulaires et non pour entretenir le port de Marseille. Marseille a toujours joué sa propre carte jusqu’à traiter les Corses "d’ethnicistes" quand ses intérêts étaient en jeu. La Corse compte aujourd’hui plus de 80.000 pauvres. L’argent doit servir en priorité aux Corses. J’entends par là ceux qui vivent sur notre terre sans distinction d’origines ou de religion. La Corse est une terre méditerranéenne frappée de plein fouet par la crise. Il est bon que ses représentants défendent les leurs avant de s’occuper de nos voisins qui, en leur temps, n’ont guère montré d’altruisme à notre égard.

GXC

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