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L’humanité va manquer d’eau

jeudi 2 février 2012, par Journal de la Corse

La croissance démographique va provoquer un doublement de la demande mondiale en eau d’ici à 2050. D’autre part, l’industrie des pays émergents va devenir plus gourmande. Or le volume d’eau potable baisse partout sur le globe.

Un état des lieux

Le patrimoine d’eau douce de l’humanité est évalué à 110.000 milliards de mètres cubes par an selon Mustapha Besbes de l’agence Reuters qui pose la question de savoir si l’humanité ne court pas à une crise majeure des ressources aquatiques. Mais il est inégalement réparti et cette inégalité est renforcée par une gestion calamiteuse volontaire ou non. En 2012, un être humain sur sept n’a pas accès à une eau potable de qualité. L’une des conséquences est que les diarrhées transmises par l’eau tuent 1,5 million d’enfants chaque année. À l’échelle globale, 64% des précipitations sont reprises par l’évaporation. Les 36% restants alimentent les écoulements : rivières et nappes souterraines dans lesquelles l’irrigation, pratiquée sur 300 millions d’hectares représente la majeure partie des prélèvements 70% soit 2800 milliards de m3 par an. Les villes, les industries et l’hydroélectricité utilisent le reste soit 1200 milliards de m3. Plus de 60% de ces écoulements sont partagés par 150 pays sur plus de 500 fleuves et aquifères transfrontaliers. Or la communauté internationale n’a pu encore s’entendre sur les principes universels d’utilisation de ces ressources et de prévention des conflits : la convention adoptée à cet effet par les Nations unies en 1997 n’est toujours pas en vigueur.

Des pays dépendants

Le manque d’eau de certains pays peut être compensé par leur pouvoir d’achat. Les quantités d’eau pour la production des besoins alimentaires de l’humanité représentent 95% de notre demande en eau totale, le reste est utilisé par l’eau potable et les industries. Mais de nombreux pays ne produisent pas toute leur alimentation et en importent une part, pour certains très importante à travers la quantité d’eau mobilisée pour produire les aliments achetés à des pays tiers. Cette eau virtuelle représente 1600 milliards de m3 par an. Une telle quantité pénalise les pays pauvres et touchés par la crise hydrique.

La crise à venir et de possibles solutions

Du fait de la croissance démographique, la demande alimentaire mondiale pourrait doubler d’ici à 2050. Or les ressources en eau ne cessent de baisser du fait de l’irrigation sans retenue occasionnant une surexploitation des eaux souterraines (20 millions de puits en Inde !), une salinisation des sols (20 millions d’hectares affectés), une artificialisation des rivières et une fragilisation des zones humides, une dégradation de la qualité de l’eau, tout cela aggravé par le réchauffement climatique. Dans un tel contexte, l’agriculture intensive pratiquée à grands coups d’arrosage artificiel est une catastrophe humaine, écologique et économique. L’agronome René Dumont préconisait déjà dans les années 1930 de renforcer les capacités traditionnelles d’adaptation à la sécheresse : cultures en terrasses, banquettes anti-érosives, zones d’épandage de crues pour l’irrigation et la recharge des nappes, variétés résistantes à la sécheresse. D’autant que le monde sera urbain à 70% en 2050 et que l’alimentation des villes en eau potable sera plus encore qu’aujourd’hui une priorité absolue. Les villes compteront plus de 5 milliards d’habitants en 2050. Il faudra donc chercher l’eau toujours plus loin et recourir davantage au dessalement. La conséquence sera l’augmentation inévitable de la facture de l’eau pour des collectivités parfois dépourvues des moyens nécessaires. La Corse, véritable château d’eau, a sa carte à jouer en exploitant avec sagesse et en exportant le précieux liquide. Encore faut-il qu’elle s’en donne les moyens et qu’elle sache établir une feuille de route prévisionnelle. La première des mesures à prendre serait évidemment de récupérer la maîtrise de la captation, de la distribution et du stockage de l’eau corse.

GXC

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