Une exposition du Centre Méditerranéen de la photographie
« Une mémoire pour Lupino », ainsi auraient pu être sous-titrées les photographies à découvrir à « Una Volta » de Bastia. Des images fruits d’une commande de Marcel Fortini, responsable du CMP (Centre Méditerranéen de la photographie) à Olivier Laban-Mattei et Stéphanie Lacombe. L’un, Olivier Laban-Mattei, s’exprime en noir et blanc. L’autre, Stéphanie Lacombe, par la couleur. Le premier s’est attaché à l’espace public et à tout ce qui touche à l’extérieur. La seconde a capté le quotidien de la vie privée des habitants de Lupino. Deux façons d’aborder la réalité. Deux approches en apparence opposées mais au fond très complémentaire. Stéphanie Lacombe s’est donc invitée dans des familles aux moments les plus divers de la journée : petits déjeuners, repas, détente au salon. De ces instants d’intimité son objectif a saisi des scènes toutes simples à la limite d’une banalité, métamorphosée cependant par l’éclat de la spontanéité et par la rigueur du « voir vrai ». Si Olivier Laban-Mattei a fait, lui, le choix du noir et blanc, c’est parce que c’est sa manière de travailler en tant que reporter-photographe que ce soit en Lybie, à Haïti, ou en Tunisie. C’est aussi parce que le noir et blanc, selon lui, permet à l’œil de ne pas s’égarer dans des détails secondaires. Sur les photographies exposées à « Una Volta » on rencontre des joueurs de cartes installés en plein air en bas de chez eux ; des voisins et amis réunis pour un barbecue ; des anciennes qui taillent une bavette avec à deux pas de là des ados qui font la causette … ou les toisent ; une marié en partance pour l’église au bras de son père. Nous parvient également l’écho de rodéos à scooter … Le photographe a été dix ans durant à l’AFP dont cinq en poste à Ajaccio. En 2010 il opte pour l’indépendance bien décidé à raconter des histoires à son rythme en privilégiant un exercice du regard qui ne se contente plus de l’événement choc mais s’attarde sur l’humain. En août il va partir au Venezuela à la découverte de la génération Chavez. Son but à moyen terme ? Monter des expositions pédagogiques visibles en dehors des galeries et où le public se rode à l’apprentissage de la lecture de l’image à laquelle l’école n’initie pas, moyen efficace de contourner les pièges de la manipulation et d’accéder à la citoyenneté.
Michèle Acquaviva-Pache