DE VIRIS ILLUSTRIBUS
Y a-t-il quelque part en Europe, ou ailleurs, un Etat, une région, une ville où les citoyens se considèrent comme le nombril du monde ? On a beau chercher, rien n’apparaît. On arrive pourtant à se rendre compte qu’une région, pardon, un pays, est à même d’apporter une réponse. Vous avez dit la Corse ? Ce n’est pas impossible. Cette île, vous dira-t-on, est d’abord la plus belle, c’est ainsi que les Grecs l’ont désignée. Elle est ensuite dotée de richesses naturelles pour le moins exceptionnelles. Ne recèle-t-elle pas dans son sous-sol des minéraux recherchés, comme le plomb, le nickel, l’argent et, dans les sédiments de son socle, du gaz et du pétrole qui ne demandent qu’à jaillir ? On vous dira aussi que sa flore et sa faune offrent des espèces uniques, donc précieuses, que ses eaux sont les plus pures et que sa mer est la plus bleue. Pour ce qui est des hommes illustres on ne manquera pas de citer Napoléon et Pascal Paoli dont l’un a conquis l’Europe ou presque et l’autre la Corse ou presque. On vous dira enfin le quotient intellectuel des Corses se situe bien au dessus de la moyenne européenne, et que d’en proclamer la valeur fait déferler sur la planète une énorme vague d’envie et de jalousie. Et surtout ne vous laissez pas gagner par le doute qui vous ferait mettre des points d’interrogation là où seuls les points d’exclamation sont de circonstance. N’exprimez jamais le moindre scepticisme. Vous ne tarderiez pas, au pays des plus forts, à être relégué au plus bas de l’échelle du haut de laquelle ils vous mépriseraient.