L’édito d’Aimé Pietri
A en croire la direction régionale des Finances, plus de mille contribuables paient, dans cette île, l’impôt sur la fortune. C’est beaucoup pour un petit pays de seulement 270.000 habitants dont 100.000 à peine seraient actifs. Dés lors, on comprend plus facilement, cette éclosion de voitures de luxe, ces folies immobilières et ces voyages en famille à l’autre bout du monde dans des hôtels 5 étoiles. Et on se demande même, connaissant l’art de la tricherie de nos chers compatriotes si les déclarations d’impôts, au-delà d’une certaine somme, portent le sceau de la sincérité. On se demande enfin d’où vient tout cet argent, quels Pactoles insoupçonnés irriguent les comptes de ces nantis qui ont l’habitude de faire la sieste sur des matelas de banknotes. Voilà donc la Corse grimpant allègrement au mât de cocagne avec, peut-être, la certitude d’y rester longtemps. La voilà vraiment riche, elle qui si souvent a été plutôt à plaindre qu’à envier, elle qui n’en finit toujours pas de rattraper son historique retard et dont les pessimistes se plaisent encore à lui prévoir le pire. Et les pauvres dans tout çà ? Les locataires des HLM dans les périphéries urbaines à qui il manque toujours 19 centimes pour faire un euro ? Les Rmistes enkystés dans un dénuement endémique ? Les vieux travailleurs retraités qui ne se demandent même plus de quoi sera fait leur lendemain ? Les fauchés de naissance sans avenir et sans espoir ? Eh bien ces pauvres-là face à ce déferlement de richesses, à ce trop-plein de liquidités, à ces gagnants d’inépuisables gros lots, ces pauvres-là n’ont, tout simplement, qu’à bien se tenir.