Tous les mélomanes au moins savent depuis le 25 février dernier que l’illustre trompettiste Maurice André est décédé. On doit à Frédéric Mitterrand et à la renommée de cet éminent musicien l’idée suivant laquelle on avait affaire avec lui à « La trompette du siècle ». Cette expression tant soit peu dictée par le désir de gagner la faveur du public et en accroître la popularité, contient toutefois quelque chose sinon d’absolument vrai, car relevant d’une approche qualitative, du moins quelque chose de possible. La disparition de Maurice André laisse un vide immense quoi qu’ayant arrêté sa carrière en 2004. Mais il nous a laissé une discographie très abondante. Un vide immense, oui, dans des millions de foyers où grâce à son vertigineux talent et à sa simplicité légendaire, il avait fait entrer souvent pour la première fois la musique classique. Il avait redonné ses lettres de noblesse à un instrument parfois mal aimé, notamment dans la classe bourgeoise qui ne voit d’autre issue au désir d’assurer la sensibilité musicale de ses enfants qu’en les destinant à l’usage du piano et du violon. C’est qu’on y voit la conscience de sa classe et non la classe de sa conscience. Or dès la fin du XIVe siècle, la trompette ne fut plus utilisée seulement pour son usage militaire, pour la chasse et le rappel, mais employée de plus en plus dans la musique instrumentale, puis dans l’opéra. Pensons à son emploi par Monteverdi et à son Orfeo. Né à Alès le 21 mai 1933, Maurice André descend à 14 ans dans la mine et entreprend l’étude de la trompette. Il fait preuve de tels dons qu’il peut entrer au Conservatoire de Paris où il reçoit dès la première année le premier prix d’honneur pour sa dextérité dans l’usage du cornet (1). Il obtiendra un premier prix de trompette l’année suivante. Rapidement sa carrière s‘amorce : trompette solo des Concerts Lamoureux, puis de l‘Orchestre de l‘ORTF, enfin de l‘Orchestre de l‘Opéra comique. Après avoir triomphé au Concours international de Genève puis à celui de Munich, il entreprend une carrière de concertiste qui le mènera d‘Allemagne en Angleterre, dans les Pays scandinaves, puis en Amérique du nord et en Amérique du sud. Bien d‘autres pays l‘entendront aussi. Entre 1966 et 1979, il est professeur au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Maurice André a enrichi. Le répertoire de son instrument et suscité des œuvres nouvelles (une Quinzaine de concertos dont celui de Henri Tomasi). On pourra se procurer l’album intitulé « Maurice André, la trompette du siècle » composé d’extraits d’œuvres classiques et de variétés. (2)
Vincent Azamberti
( 1)Le cornet est un instrument de la famille des cuivres du type de la trompette dont il se différencie par son tube conique au centre.
( 2) EMI classiques 7243 5 57 2