La Messe solennelle de Sainte Cécile de Charles Gounod est un pur chef d’œuvre. Elle lui valut le succès qu’il avait cherché en vain avec son opéra « Sapho » (1851) et « Ulysse » (1853). En 1859, « Faust » vint consacrer sa gloire. Dès 1847, en sa vingt neuvième année, il portait soutane et signait ses lettres : « l’abbé Gounod ». « Je me sentis, écrivait-il, une velléité d’adopter la vie ecclésiastique. Mais, il ajoutait : « je sentis au bout de quelque temps qu’il me serait impossible de vivre sans mon art » Il se consacra donc entièrement à la musique. La Messe de Sainte Cécile naquit d’une commande, mais elle se rattache intimement à la vie de Gounod. A quarante ans il était maître de son art et pour la première fois, il intégra à une messe parfaitement liturgique toutes les ressources de la musique la plus nouvelle de son temps. L’orchestre est important. Le seul mouvement qui ne correspond pas à une exigence de la liturgie traditionnelle est l’Offertoire, une page orchestrale (Adagio) de toute beauté. Admirable musique méditative et priante. Prédominance des chœurs, mais trio de solistes aussi alternant avec les chœurs. Poignant Crucifixus, centre de gravité musical de la partition. On prêtera attention à l’enregistrement que nous ont laissé Georges Prêtre, avec Barbara Hendricks, Laurence Dale, Jean Philippe Laffont, les chœurs de Radio France et le Nouvel Orchestre Philharmonique d’il y a quelques années. Un album donc qui date quelque peu mais toujours sur le marché du disque. Et d’une qualité indiscutable. George Prêtre, qu‘on le sache, demeure l‘un des chefs d‘orchestre les plus brillants de notre temps. Il fut le maestro préféré de Francis Poulenc, l’auteur, rappelons le du « Dialogue des Carmélites » .Maria Callas le tenait pour irremplaçable. Deux belles références, non ? On sait les carrières remarquables de Barbara Hendricks et de Jean Philippe Lafont. Laurence Dale, ténor Anglais, interrompit tôt sa carrière pour des raisons qui lui appartiennent, mais il s’illustra au Covent Garden, au Festival d’Aix en Provence, à Los Angeles, à Buenos Aires, etc…Et partout avec éclat. Cette version qu’accentuent l’exceptionnel talent de Georges Prêtre et celui de chanteurs chevronnés s‘impose encore par son intensité et la finesse de l‘expression...
Vincent Azamberti