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CD DOMINIQUE VINCENTI CHANTE « PER TÈ »

jeudi 14 juin 2012, par Journal de la Corse

Comme à la photographie, nous devons à la chanson de notre terre, agrément pour l’esprit et le cœur, de n’avoir point perdu notre passé ni celui de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants que nous avons connus et aimés. Sortilèges qui, dans notre imaginaire, nous redisent où nous fûmes, quand nous fûmes. La chanson nous fait songer que tout ce qui a existé existe encore quelque part en une mélodie et des mots qui peuvent être indéfiniment ranimés. Bonne surprise : Dominique Vincenti fut, avec son frère François, récemment disparu, l’un de ces chanteurs-compositeurs soucieux d’empêcher la chanson corse de disparaître au bénéfice de variétés démises de tout lien avec la Corse et souvent sans intérêt. Or, voici qu’il nous propose son nouvel album, intitulé « Per Tè », et conçu en mémoire de son frère. (1) Dans un style reconnaissable entre tous, la langue parfaitement maîtrisée est transparente et vibrante d’authenticité. Il s‘agit là de cinq chansons en corse et de six chansons corses en français. L’âme des poètes corses affleure même le verbe français. Les frères Vincenti ont toujours affirmé qu’on entend ces musiques inspirées par leur terre « avec sur la peau ce frisson qui ne vient pas de la raison car quelques fois le cœur va plus vite » Comme on le sait, bien des chanteurs Corses ont interprété les créations des Vincenti. Précisons à présent tant soit peu le sens de quelques unes des pièces contenues en cet album. « A l’altru mondu » : évoque l‘éternité, allusion furtive sans doute à la disparition survenue du frère. qui avait écrit la pièce à la demande d’une mère pour son fils disparu à vingt ans, « Hommage à Félix Leclerc » : on regrette toujours le temps où l’on a bu aux fontaines. « Quandu una vita » : quand une vie a été heureuse, les parents portent sur le front le sillon de tant de labeur. « A Mat’lot » : bonsoir jolie Madame, permettez quelques gammes, « A suppa di musu » : est adressée à « l’azeza » (l’acariâtre) qui toutefois ne se laisse pas facilement taquiner, etc…Si la chanson est, comme tout d’ailleurs, dans l’histoire, elle se transforme. Mais les exigences du goût et de l’authenticité doivent maintenir le ton au niveau le plus juste, celui qui ne transige pas avec la vérité et le génie d’un peuple. Les frères Vincenti n’ont jamais transigé. A ringraziavi Dumè. Quant à votre frère François, lui aussi avait beaucoup œuvré pour son pays natal.

Vincent Azamberti

(1) CALP 2012/ DV/ 2/ 2@@

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