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BD François Villon du roman à la bande dessinée

jeudi 19 avril 2012, par Journal de la Corse

Jean Teulé a écrit la vie de François Villon dans un gros roman. Et Luigi Critone a porté cette œuvre magistrale au 9ème art. François Villon est sans doute né le jour de la mort de Jeanne d’Arc. On a pendu son père et supplicié sa mère. Orphelin, il a été recueilli par Guillaume de Villon, le chanoine de Saint-Benoît, qui l’envoie dans le meilleur collège de Paris, puis à la Sorbonne. Mais à ses études, il préfère la poésie, l’hypocras et la fornication. Sans distinction, il fréquente les miséreux et les nantis, les curés, les assassins, les poètes et les rois. Il accomplit tous les actes, des plus sublimes, aux plus atroces. Aujourd’hui, ce destin est mis en images par le maître italien Luigi Critone, dans une série BD publiée aux éditions Delcourt.

Pourquoi avoir eu l’idée d’adapter le roman de Jean Teulé ?

C’est une idée de mon éditrice. Elle m’a donné le roman en me disant qu’il y avait une intention de la part de Delcourt d’en faire une adaptation. Elle m’a demandé de le lire et de voir si ça m’intéressait. Je l’ai lu, sans connaître Jean Teulé du tout, car malheureusement il n’est pas aussi connu en Italie qu’en France. J’ai donc découvert simultanément l’auteur du roman et la figure de François Villon. Ca m’a beaucoup plu, et même un peu effrayé. Ceux qui ont lu le roman savent que c’est assez dur. J’ai réalisé que l’adaptation ne serait pas facile à faire mais quand je suis arrivé à la fin du livre, ça m’avait convaincu. Je trouvais que ça correspondait bien à mon dessin. J’avais envie de le faire, d’autant plus que c’était intéressant de pouvoir m’occuper du scénario. Ecrire une adaptation à partir d’une histoire déjà existante, c’est plus confortable, car je ne suis pas scénariste à la base. J’ai commencé à travailler avec mon éditrice, puis j’ai rencontré Jean Teulé.

Qu’est-ce qui vous a particulièrement plu chez François Villon ? Pourquoi ce texte vous a-t-il touché ?

J’ai trouvé que c’était un personnage très intéressant, parce que ce n’est pas un héros au sens classique. Ses actions ne sont pas toujours respectables. Il a fait beaucoup d’erreurs, beaucoup de grosses bêtises aussi. Ce qui m’intéressait, c’était la dualité entre son génie poétique et le fait qu’il n’arrive pas à gérer sa vie. Dans le premier tome, on commence à effleurer cette double personnalité. Il était clairement attiré par le mauvais coté. Parfois, je l’ai détesté en lisant le roman, parce qu’il a commis des actes foncièrement mauvais. Mais à la fin de ma lecture, j’ai trouvé que ça faisait un portrait très complet d’un personnage attachant. On ne peut pas toujours être d’accord avec lui. J’étais parfois choqué de ses actions, et en même temps touché par son humanité. C’est ce qui m’a plu, Villon est un personnage très humain dans le bon et mauvais sens.

Vous avez choisi d’adapter ce gros roman en trois volumes, en restant extrêmement fidèle au texte. Comment avez-vous découpé ces trois parties ?

J’ai rapidement choisi de le scinder en trois parties. J’ai trouvé que c’était un bon compromis parce que j’ai coupé pas mal de scènes. C’est condensé par rapport au roman. Ca a été un travail difficile au début, car le roman et la bande dessinée emploient des langages très différents : avec le langage littéraire, on peut dire beaucoup de choses en une phrase. Et en BD, il faut beaucoup plus de place pour dire la même chose, et le contraire est aussi possible ! Parfois, avec un dessin, on peut raconter trois pages du roman en une seule case. J’ai trouvé très intéressant ce travail d’adaptation. J’ai fait des efforts pour tenir le même rythme dans un espace un peu plus réduit. Avec les trois volumes, ça va faire une BD de 180 pages en tout.

Etes-vous un spécialiste de cette période historique, ou bien avez-vous fait des recherches pour les costumes, les décors ?

Les deux, dans le sens où je n’avais pas travaillé de BD sur cette époque. Toutefois, j’ai travaillé plusieurs années à Florence dans un atelier où on s’occupait beaucoup d’illustrations historiques. Pour cet album, j’ai fait des recherches spécifiques sur l’époque, les costumes. On travail de recherche graphique a été assez important.

Francescu Maria Antona

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