En évoquant l’avenir institutionnel du Pays Basque, Maryse Lebranchu a douché les espérances basques et mis ses pas dans ceux de Claude Bartolone en Corse.
Le département des Pyrénées-Atlantiques est actuellement composé du Béarn et du nord du Pays basque. La ville préfecture, Pau, est la capitale du Béarn. La revendication d’un département basque propre qui regrouperait les provinces du Labourd, de Basse-Navarre et de Soule, est formulée depuis la création des départements en 1792. Il y a quelques années, sur les 159 maires du Pays basque, 131 ont participé au vote à bulletin secret, 119 se sont exprimés et 76 ont approuvé la consultation de la population des Pyrénées-Atlantiques sur la création de deux départements Béarn et Pays basque (43 ont voté contre). En 1996, 93 maires s’étaient déjà prononcés en ce sens et, en 2002, 92 conseils municipaux avaient fait de même. Mais la revendication est restée lettre morte. Les Basques avaient pourtant cru pouvoir obtenir la création de leur département, en 1981, avec l’élection de François Mitterrand qui en avait fait une de ses 110 propositions. Mais il avait renoncé à contrarier l’opposition de quelques notables dont le père de l’ancienne ministre UMP Michèle Alliot-Marie. Ces derniers mois, les Basques croyaient pouvoir enfin toucher au but avec la perspective ouverte par l’Acte III de la décentralisation figurant parmi les engagements de François Hollande. Mais, en évoquant l’avenir institutionnel du Pays Basque en marge de la Convention nationale de l’intercommunalité ayant eu lieu à Biarritz, la ministre de la Réforme de l’État, de la Décentralisation et de la Fonction publique a douché les espérances. Interrogée par les médias concernant la demande de création d’une collectivité territoriale spécifique formulée par le Conseil des élus basques, elle a répondu : « Est-ce qu’il faut forcément un véhicule institutionnel extraordinaire ? Peut-être pas, il faut peut-être faire avec ce que l’on sait faire. » Pourquoi cette remise en cause ? Surprise, elle aurait pour origine certains élus socialistes du cru qui, pour des considérations politiciennes, ont évoqué d’autres options (renforcement du pays, syndicat mixte, pôle métropolitain). Même s’ils affirment avoir finalement renoncé à changer de cap, ils ont permis à la ministre de trouver prétexte à différer. Chez les partisans d’une collectivité territoriale basque, l’inquiétude est à nouveau de mise. Ce peu d’entrain ministériel concernant une évolution localement souhaitée et compatible avec l’engagement présidentiel de mettre en œuvre un nouvel acte de la décentralisation, est aussi de nature à inquiéter les tenants d’une réforme institutionnelle dans notre ile. D’autant qu’il s’ajoute à la déclaration de Claude Bartolone, le président de l’Assemblée nationale, qui, en vacances cet été chez nous, a laissé entendre que la Corse n’avait pas besoin d’un nouveau statut. Acte III de la décentralisation : bon scénario ou mauvaise pièce ? Il conviendrait que Paris ne tarde pas trop à préciser ses intentions.
Pierre Corsi