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UNE RÉPONSE A EDMOND SIMEONI

jeudi 11 octobre 2012, par Journal de la Corse

Georges Benedetti, ancien député-maire de Bagnols-sur-Cèze, ancien président du conseil général du Gard et ancien sénateur représentant le même département réagit aux critiques formulées par Edmond Simeoni à l’encontre de Claude Bartoloni. Voici le texte de sa réaction avec un décalage nécessaire sans doute à la réflexion.

« Lors de son voyage en Corse, en août dernier, Claude Bartolone, président de l’Assemblée Nationale, avait été violemment critiqué par Edmond Simeoni, celui-ci lui reprochant d’avoir déclaré que « la Corse n’a pas besoin d’un nouveau statut et qu’elle devra s’inscrire dans le programme de la prochaine phase de décentralisation prévue par le Gouvernement. » Simeoni précisait que « M. Bartolone affirme le contraire de ce que pense l’immense majorité de la société corse. Agit-il seul, comme un homme superficiel et imprudent, comme un colonialiste inamendable ? » Il est difficile de laisser ces propos sans réponse. Pour ma part, en tant qu’ancien député et ancien sénateur socialiste et Corse d’origine, actuellement militant du parti socialiste de la Haute-Corse, j’affirme que M. Simeoni se trompe lourdement quand il déclare que la majorité des Corses serait favorable à un nouveau statut.

Comment ne pas être surpris par le ton comminatoire qui menace : « Si l’Etat refuse, s’il suit le chemin de dénégation historique qui condamne la Corse à la mort, des cohortes intransigeantes se lèveront face à lui. »

Nous voilà donc prévenus : ou bien l’Etat Français s’aligne sur les positions nationalistes ou bien le peuple corse sera à nouveau soumis à l’intransigeance et à la violence.

Edmond Simeoni, vos propos sont inacceptables car vous vous préparez à faire subir à la Corse une violence unanimement rejetée. Oubliez-vous que les explosions, les destructions, le racket qui a longuement accompagné ces comportements d’un autre âge, ont provoqué un régime de terreur qui a fait tant de mal à notre île ? Votre revendication démographique est assise sur un peuplement exclusif de la Corse par les Corses, évoquée sans vergogne dans une publication récente -Peuple et Nation corses au 21e siècle -2011-. Cela nous conduit tout droit à une conception raciste de la société corse. La France comme l’Europe, et une partie du Monde ont failli succomber sous les coups du racisme le plus éculé, devenu un régime nazi. Aussi les socialistes français, y compris les Corses, ne vous suivront pas sur ce chemin destructeur. Historiquement, la Corse est rattachée à la France depuis deux siècles et demi. A Ponte Novu, le rêve de Pascal Paoli s’est éteint. Un peu plus tard, en 1794, il livra la Corse à la couronne d’Angleterre, sans être nommé vice-roi. En 1796 c’est un autre Corse, Napoléon Bonaparte, qui ramena la Corse à la France. Contrairement à ce que vous affirmez, la grande majorité des Corses est fondamentalement attachée à la France républicaine, pays des Droits de l’Homme. Les Corses se sont toujours distingués sur les champs de bataille des deux guerres mondiales, et ailleurs. Leur sang a été versé abondamment, mêlé à celui d’autres Français, pour la sauvegarde des valeurs républicaines. La Corse indépendante n’est ni économiquement ni politiquement viable. Aujourd’hui, les véritables enjeux sont de plus en plus européens et mondiaux, avec les désastres consécutifs aux abus exorbitants des puissances bancaires internationales et du capitalisme le plus inhumain. Le gouvernement de François Hollande, conduit par le premier ministre Jean-Marc Ayrault, a déjà pris des mesures urgentes concernant la Sécurité et la Justice. D’autres mesures sont en cours pour faire face à la crise économique et financière, afin de favoriser le redressement du Pays, et d’abord la lutte contre le chômage. Il vous reste, M. Simeoni, à être clair dans vos intentions :

Respecterez-vous le régime républicain avec ses règles démocratiques ? - ou bien envisagez-vous de revenir à la violence et de prendre les armes ?

Une chose est certaine : le Président de la République ne cèdera à aucun chantage et le Premier ministre autant que le ministre de l’Intérieur, sont des hommes déterminés. D’autre part, depuis François Mitterrand, la Corse est dotée d’un statut particulier, avec un Exécutif autonome. La Collectivité territoriale est dotée d’un pouvoir d’adaptation législative et règlementaire. Enfin, des propositions complémentaires peuvent être transmises au Chef de l’Etat. »

Georges Benedetti

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