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Présidentielles : Entre rêve et sagesse

jeudi 10 mai 2012, par Journal de la Corse

Certes, le candidat pour lequel j’ai voté n’était pas parfait à mes yeux. Mais on ne peut tout avoir…

Depuis des mois, j’avais très envie de prendre position. Je bouillais. Je ne l’ai pas fait par respect pour vous qui savez lire entre mes lignes, pour vous aussi qui n’auriez pas été de mon avis. Aujourd’hui, le résultat étant acquis, je vais vous dire pourquoi j’ai voté François Hollande les 22 avril et 6 mai.

Un modèle détestable

J’ai voté contre le sortant. Non contre l’individu, bien sûr, mais contre sa posture, son image et ses messages. Qu’il se montrât bling-bling, content de lui, autoritaire et ambitieux dans la sphère privée, peu m’importait. Après tout, qu’il trouvât des personnes pour l’apprécier, était tant mieux pour elles et surtout pour lui. En revanche, quand il s’affichait ainsi dans sa dimension de chef d’Etat, cela me concernait. En effet, il donnait à voir un modèle social et humain fondé sur la réussite individuelle, l’absence d’intérêt général et le déficit d’unité nationale qui me heurtait au plus haut point et même me révulsait. Alors que des millions d’individus souffraient de précarité et d’exclusion dans notre pays, son comportement, son paraître et ses mots présidentiels les écrasaient encore un peu plus. Alors que les mêmes attendaient un peu d’attention, de compassion et de solidarité, il les ignorait, les abaissait ou les stigmatisait en étalant sa réussite, en n’ayant pas un mot de réconfort et en les faisant passer pour des assistés étant contents de leur sort. Quant aux personnes dont il s’entourait ou se réclamaient de lui, elles ne faisaient qu’ajouter au caractère détestable du modèle social et humain qu’il incarnait. Que penser d’autre d’un Jean Reno qui faisait tout pour tourner la loi Littoral du côté de Bonifacio, d’un Christian Clavier qui avait obtenu la garde aux frais de l’Etat de sa luxueuse villa de Palombaggia, d’un Johnny Hallyday qui refusait de payer ses impôts ?

Un sage proverbe

Certes, le candidat pour lequel j’ai voté n’était pas parfait à mes yeux. Je l’aurais préféré moins Flamby et plus flamboyant. J’aurais aimé l’entendre dire que la ruralité représentait un mode de vie qui humanise la société, et apprécié qu’il promît de subventionner davantage ce cadre de vie harmonieux afin d’y fixer les populations et un peu moins la cité HLM qui uniformise. J’aurais été heureuse qu’il s’engageât en faveur d’une transition écologique favorisant les énergies renouvelables et réduisant immédiatement le recours au nucléaire. J’aurais applaudi s’il avait été plus engagé dans son opposition aux délocalisations et son soutien à la ré-industrialisation. J’aurais aussi été enthousiaste s’il avait proposé de reprendre et redistribuer intégralement, tous les privilèges fiscaux obtenus par les plus riches depuis dix ans au détriment des plus pauvres et du budget de l’Etat. J’aurais aussi sans doute adoré qu’il ressemblât à George Clooney ! Mais on ne peut tout avoir… Je me suis dite que, somme toute, son programme me convenait davantage que celui du président sortant, et que la démocratie exigeait un équilibre entre ce que l’on rêve et la réalité, entre ce que l’on demande et ce que d’autres sont disposés à céder, entre ce que l’Etat a les moyens d’imposer et ce que l’individu est prêt à accepter. Alors, dès le premier tour et bien sûr au second, j’ai voté François Hollande. Au fond, en agissant ainsi je me suis dite que mieux valait me plier à la sagesse de ce proverbe : « Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras » qu’au risque évoqué par cet autre proverbe : « L’homme s’ennuie du bien, cherche le mieux, trouve le mal et s’y soumet par crainte du pire ».

Alexandra Sereni

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