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Législatives Combat des chefs à Bastia ?

jeudi 6 octobre 2011, par Journal de la Corse

Le combat sera rude. Face au député sortant, il y aura probablement du beau monde. De plus, s’ils décident d’aller au combat, les challengers potentiels, joueront gros.

Le premier tour des élections législatives aura lieu en juin prochain, quelques semaines après les élections présidentielles. Dans la première circonscription de la Haute-Corse, la bataille sera aussi intense qu’indécise. Chacun se souvient que le maire PRG de Bastia, Émile Zuccarelli, a perdu son siège de député en 2007 au profit du candidat UMP, Sauveur Gandolfi-Scheit. Se consacrant désormais à la gestion de Bastia, ville qui lui a renouvelé sa confiance en 2008, il ne cherchera pas à prendre sa revanche. Il est d’autant plus incité à ne pas se battre qu’il ne lui est pas impossible de briguer, en 2014, un renouvellement de son mandat municipal. Toutefois, le combat n’en sera pas moins rude. Face au député sortant, il y aura probablement du beau monde. Combat des chefs en perspective ! De plus, s’ils décident de mener la bataille, les challengers potentiels, joueront gros.

Un sortant solide

Le sortant est loin d’être battu. Même si la gauche gagne les élections présidentielles, Sauveur Gandolfi-Scheit restera en position de force. S’il lui faudra probablement compter au premier tour avec la présence de candidats centriste et Front national, il n’aura sans doute guère de mal à réunir le gros de la droite au second tour. Il sera même en mesure de « ratisser plus large » car, tout en ayant soutenu la politique Sarkozy à l’Assemblée Nationale, il aura été un député d’écoute, de dialogue et de terrain. Particulièrement attentif à la défense des intérêts des habitants de sa circonscription. Porteur de nombreuses revendications sectorielles ou locales. Ainsi, il n’a pas hésité à se tenir aux côtés des nationalistes pour valoriser la langue corse, exiger le rapprochement des militants détenus sur le Continent, rejeter que le fuel lourd alimentant la centrale thermique de Lucciana. Ces derniers temps, il a encore été sur tous les fronts. Il a visité la prison de Borgo, accompagné de magistrats et d’avocats, pour s’enquérir des problèmes rencontrés par les détenus et le personnel pénitentiaire. Il a soutenu la demande d’indemnisation formulée par les victimes de l’exploitation de l’usine d’amiante de Canari. Il a fortement contribué au maintien en Corse de la Chambre régionale des comptes. Il est intervenu auprès du gouvernement pour exiger que Bastia devienne le siège de la Chambre Régionale de Commerce et d’Industrie. Il s’est affiché en tant que défenseur passionné de la cause du Sporting Club de Bastia.

Rififi à gauche ?

La position du sortant est d’autant plus solide que la gauche risque d’aller à la bataille dans la division. Le Front de Gauche sera bien entendu présent. Constituant le gros des troupes de cette coalition, le PCF a pour habitude de se compter au premier tour. Encouragé par le résultat à deux chiffres de Dominique Bucchini lors des dernières élections territoriales, il y sera d’autant plus incité. Rien de bien nouveau… L’inédit résidera peut-être dans une confrontation PRG / PS. Ayant détenu le siège durant des décennies et représentant la force électorale dominante de la gauche dans la circonscription, le PRG pensait pouvoir compter sur le soutien du PS pour tenter de mettre en échec le docteur Sauveur Gandolfi-Scheit. A ce jour, il n’en est rien. Le PS de la Haute-Corse a demandé à sa direction nationale, et obtenu, que la circonscription soit réservée à une candidature féminine. Et, début septembre, Emmanuelle de Gentili, conseillère exécutive de Corse, présidente de l’Office d’Equipement Hydraulique, adjointe au maire de Bastia, membre du Conseil national du PS, a annoncé sa candidature à la candidature auprès de ses instances nationales. Cette offensive-éclair n’a cependant pas dissuadé le PRG de s’engager dans la bataille. Bien que l’entreprise s’annonce ardue, Jean Zuccarelli, conseiller exécutif de Corse, président de l’Agence de Développement Economique, conseiller municipal de Bastia, a lui aussi décidé de se porter candidat à la candidature auprès de ses instances nationales et ne désespère pas de convaincre les socialistes de renoncer. A vrai dire, les deux protagonistes jouent gros. Emmanuelle de Gentili, si son résultat électoral s’avère médiocre, risque de se voir reprocher d’avoir empêché une dynamique gagnante à gauche, et d’être contrainte de revoir à la baisse les ambitions du PS. Jean Zuccarelli, s’il n’est pas en devoir de gagner, doit impérativement être largement en tête de la gauche à Bastia et si possible dans la circonscription. Ne pas y parvenir fragiliserait gravement ses positions.

Les nationalistes pour confirmer

Côté nationaliste, il ne faudra pas se dérober. Le duel de deux leaders de gauche, la nécessité de ne pas apparaître comme des alliés objectifs du sortant UMP (celui-ci bénéficiant d’un courant de sympathie au sein des bases autonomiste et indépendantiste) ainsi que l’obligation de « fixer » l’électorat gagné lors du scrutin territorial de mars 2010, imposeront aux « ténors » d’aller au combat. Gilles Simeoni sera poussé par ses militants et sympathisants à se porter candidat. Ses objectifs premiers seront alors de contraindre le docteur Sauveur Gandolfi-Scheit au ballotage et de devancer Jean Zuccarelli, afin d’affirmer Femu a Corsica comme la force susceptible de contenir la droite et de ravir la mairie de Bastia au PRG. Jean-Guy Talamoni aura probablement aussi l’obligation d’entrer en lice. Corsica Libera ne pourra en effet rester à l’écart sous peine de laisser le champ libre aux autonomistes. Ce mouvement aura aussi pour préoccupation d’éviter que la partie protestataire de son électorat se délite dans l’abstention ou se tourne vers d’autres acteurs politiques.

Pierre Corsi

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