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Chronique

jeudi 30 septembre 2010, par Journal de la Corse

Quand la justice s’emballe Une fois encore la maison de la mère d’Alain Orsoni a été perquisitionnée par une équipe de 25 policiers cagoulés alors qu’il aurait été plus simple le convoquer cet homme qui n’a aucune raison de vouloir échapper aux questions de la justice, fut-elle d’exception. Un cas d’école Le cas Orsoni est devenu un cas d’école. L’attitude de la justice àson égard nous en dit long sur la manière dont la Corse est perçue par une justice sous pression et souvent xénophobe. Que nous le voulions ou non nous sommes les Roms de la France. Un juge est évidemment un homme mais c’est un homme qui ne vit qu’àtravers le prisme déformant de sa fonction. Il est un éboueur de la société. Il n’en voit bien souvent que les horreurs, les turpitudes, ce fond de cuve qu’en oléiculture on désigne du terme ô combien évocateur d’enfer. Or dans ces caniveaux, nos compatriotes occupent une place minoritaire mais hélas éminente. Ce qu’oublient tous ces magistrats et au-delà, ces politiciens c’est que l’immense majorité des Corses sont de braves gens. Et ces braves gens commencent àen avoir par-dessus la tête des dragonnades lancées depuis Marseille par des magistrats d’« exception  » en mal de résultats. Pour ce qui concerne Alain Orsoni, la seule problématique qui vaille a été posée de manière simple par les deux présidents de la collectivité corse alors même qu’Alain Orsoni poursuivait sa grève de la faim : s’il est coupable qu’on expose les preuves de sa culpabilité et qu’on le juge. Si ces preuves n’existent pas (et au bout d’un an révolu on doit tout de même le savoir) qu’on accepte enfin qu’il soit un présumé innocent et qu’on lui foute la paix. S’acharner contre lui comme le font le juge Choquet et le procureur Dallest tient de l’indécence et de l’abus de pouvoir. Au nom du père et du fils On l’aura compris, le juge Choquet et le procureur Dallest veulent àtout prix mettre la main sur le fils d’Alain Orsoni. Mon avis est que ce dernier serait bien inspiré de répondre aux invitations de la justice. Il ne pourra passer son existence àfuir. Et sa cavale joue contre lui. Mais s’acharner contre sa famille pour l’obliger àse rendre est tout simplement humainement indigne. Je ne parle même pas de justice. Récemment les magistrats se mettaient en grève pour protester contre l’accumulation des lois et l’absence de moyens permettant de les appliquer. Peut-être devraient-ils se poser la question de la légitimité des lois dans un monde de plus en plus inégalitaire où magistrats et policiers apparaissent de plus en plus comme le bras armé d’une classe sociale au détriment des plus malheureux. Et si la délinquance augmente c’est peut-être aussi parce que le grand nombre perd année après année le petit peu qui lui donnait le sentiment de vivre mieux et d’assurer un avenir àses enfants. Il apparaît de plus en plus indécent que ce soit les représentants de quelques centaines de familles fortunées qui expliquent au bon peuple la manière dont elle doit gérer leur misère ? N’y a-t-il pas làle ferment de tous les dérapages ? Justice aveugle et bâton féroce Car dans le climat actuel, mis en exergue par les pantalonnades du président Sarkozy, la police et la justice apparaissent de plus en plus comme les chiens de garde d’un ordre particulièrement injuste. Et cet ordre est aujourd’hui résumé par la bataille des retraites. Alors que la majorité d’entre nous se préparent àune vie de misère, quelques centaines de familles protégées par des juges et des hommes en armes imposent leur loi, prête la main àleurs amis banquiers. N’importe quelle affaire mal menée peut désormais se transformer en un signal de révolte. Or la justice d’exception, le scandale des prisonniers, donne un sentiment de justice partisane et particulièrement stupide. Alain Orsoni n’est évidemment pas l’incarnation de la révolte sociale. Mais ce qui lui arrive peut arriver àbeaucoup d’entre nous. La période est favorable àtous les glissements. Des Roms aux Corses il n’y a qu’un pas. D’Orsoni àla plupart des citoyens il n’y a pas loin qu’on veut bien le croire. Des centaines de familles subissent aujourd’hui en Corse les conséquences de lois particulièrement cruelles. Si nous voulons en voir la fin nous devons protester tous ensemble. Sinon gare àla gangrène. GXC

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